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21 octobre 2012 7 21 /10 /octobre /2012 16:13

Mémoire croissanceLes entreprises n’entretiennent pas toujours des rapports stables avec l’histoire. Tantôt décriée, tantôt convoitée, cette discipline intervient souvent dans la gestion des organisations à des moments de crise, d’instabilités, révélateurs d’un besoin de confronter le présent au passé pour se donner des garanties d’avenir. Pourtant, entre patrimoine, utilitarisme et refondation identitaire, l’histoire d’entreprise peut parfois être un outil très utile… à condition que l’on sache trouver un terrain porteur et des moyens d’expression innovants.

Un passé dépassé ?

Le recours au passé a toujours été un moyen d’entretenir une notoriété. La formule consacrée « Etablie en », « Fondée en »,  « Depuis.. ; » accompagnée d’une date tout droit sortie d’un autre siècle sont caractéristiques d’une communication mettant en exergue le savoir-faire, la stabilité, un métier transmis et valorisé de génération en génération. 

Mais cette vision patrimoniale de l’entreprise n’a pas toujours eu bonne presse. Au sortir de la guerre, les leçons de l’histoire intéressent peu de monde. Durant les Trente Glorieuses, la modernisation de l’économie, résolument tournée vers l’avenir, se décline en termes de management, marketing, relations humaines… disqualifiant tout regard en arrière.

Il faut attendre les années 80 pour qu’une nouvelle génération d’historiens, désenchantée des grands modèles idéologiques s’attache à une « micro histoire » curieuse de la vie sociale des institutions. La démarche historique suscite alors un engouement dans les grandes entreprises. De nombreuses firmes se lancent dans de grands programmes de reconstitution historique allant ainsi puiser dans l’histoire l’inspiration d’une refondation. Le livre « Schneider, l’histoire en force » est significatif à ce sujet. Des agences spécialisées dans le « business history » rivalisent avec des médias comme la revue française de gestion qui titre en 1988 : « l’histoire, un investissement productif. » Les entreprises acquièrent à ce moment-là un rayonnement social débordant de la sphère privée. Reconnues comme des institutions, elles gèrent leurs relations publiques, leur image… et les nationalisations de 1981-1982 aidant, les archives de certaines sociétés passent elles aussi ipso facto dans le domaine public. 

 

Le risque de l’instrumentalisation de l’histoire

Malheureusement, cette mode connaît des lendemains qui déchantent. Les « public history » sont prises de vitesse par les jeux d’alliance, de restructuration, de fusion… des stratégies qui parfois s’inscrivent en contradiction avec les valeurs patrimoniales longuement exhumées. Le rapport utilitariste à l’histoire, parfois opportuniste pour entretenir l’image d’un dirigeant, a poussé certains historiens comme Hubert Bonin à conclure que « l’histoire d’entreprise ne sert à rien ». Cependant, comme le souligne ce professeur d’histoire économique à l’Université de Bordeaux, loin d’être une « histoire inutile » dont seuls les scientifiques en seraient les bénéficiaires, la prise en compte du passé peut encore se révéler un capital bon à faire fructifier si l’on met bien en perspective les ruptures et les continuités.

Les grandes marques de luxe se servent d’une projection dans le temps pour étudier les valeurs immatérielles et sentimentales de leurs produits qui apparaissent alors comme le fruit d’une longue maturation et non d’un simple discours d’apparat. Le livre « Regards croisés sur dix ans d'apprentissage à L'Oréal » a permis au groupe de « faire le bilan, rappeler la méthode et tracer les perspectives.» Mais, insiste Jean-Marie Ladurée, son directeur des relations sociales dans le journal Les Echos : « c'est surtout un livre de cœur et de sens qui confirme que tout n'est pas l'acquisition des savoir-faire et leur mise en application, mais se trouve dans le domaine des relations humaines, du comportement, du management et de l'éthique. » 

 

L’outil du manager

En effet, Patrick Fridenson, professeur à l'EHESS et directeur de la revue Entreprises et histoire, le constate : « L'histoire d'entreprise passe de plus en plus d'un outil de mémoire à un outil de management. » Qu’est-ce à dire ? 

Dans un contexte d’externalisation croissante, de restructurations, de délocalisations rapides, la mémoire organisationnelle s’estompe. Aujourd’hui, avec de plus en plus de virtuosité, les cadres doivent concilier à la fois mobilité, souplesse et en même temps implication, intégration… et au bout du compte, le recours à l’histoire s’avère parfois indispensable pour impliquer un personnel souvent distant, parfois aux prises avec un sentiment d’aliénation. Heureusement, l’approche diachronique offre des repères, une stabilité. Elle balise l’action dans la continuité. Elle permet en somme à la gestion du personnel de tout mettre en œuvre pour formaliser une mémoire. Et maintenant, affirme Felix Torres, auteur de 150 histoires d’entreprises, « l’entreprise actuelle destine son histoire-mémoire à tous ses membres, du sommet à la base, comme un bien à partager, symbolisant une appartenance et une reconnaissance générales ». 

De ce point de vue, précise le fondateur de l’agence Public Histoire dans la revue Communication et Organisation, le fonctionnement d’une entreprise est celui d’une mémoire. « Sa structure juridique, sa notoriété et son image de marque, ses produits et parts de marché, ses sites de production, ses réseaux de commercialisation induisent par leur fonctionnement une mémoire, celle d’une présence distinctive sur un marché et celle de l’identité interne qui en découle. Quand l’entreprise sait conjuguer ce déjà-là à une adaptation raisonnée, il n’est guère facile de la déloger de ses positions ! ». 

 

L’entreprise doit travailler sa mémoire

Une société en tant qu’organisation se fonde sur une mémoire structurelle et s’incarne dans une série de mémoires collectives. En d’autres termes, renchériraient  Jean-Louis Le Moigne et Daniel Pascot, dans Les processus collectifs de mémorisation :  « Il n’y a pas d’organisation sans mémoire » ; Et l’entreprise ne fait pas figure d’exception. Pour donner de la cohérence à ses projets, ses stratégies, son devenir, elle a besoin de revisiter toutes ses formes de mémoire. Archives, comptes-rendus, mémoires individuelles et témoignages sont autant de récits qui déterminent les fameux « cadres sociaux de la mémoire » dont parlait Maurice Halbwachs. Les prendre en compte permet de transcender les flux quotidiens pour forger une identité collective et faire du nom de son entreprise le signe d’une appartenance commune.

Dans un article d’Economist.com, Peter Bryant suggère quelques remèdes contre « l’amnésie collective ». Citant le fabricant d’optiques Carl Zeiss mettant à disposition de riches documents d’archives, ce professeur d'entrepreneuriat à l'IE Business School préconise de communiquer et célébrer l’histoire de l’entreprise. D’après lui, l’approche historique peut mettre l’accent sur les périodes critiques d’un passé surmonté. Le musée Ducati de la société italienne de motos est en soi le symbole d’une renaissance. Par ailleurs, honorer les héros, leurs réalisations, permet parfois de transmettre l’esprit des fondateurs. Hewlett Packard n’a-t-il pas restauré le célèbre garage dans la Silicon Valley où ses fondateurs avaient commencé leur activité ? Enfin, se projeter dans l’avenir comme une continuation du présent peut aussi être un moyen de relier l’expérience du travail quotidien aux racines de l’entreprise, comme le fait Google en confrontant régulièrement ses employés à des idées nouvelles, à l’instar des fondateurs.

En définitive, par ce « rappel à la mémoire », les valeurs, les objectifs, les stratégies de l’entreprise revêtent une signification bien plus durable et pérenne. Une identification personnelle devient possible et, dans ces conditions, l’histoire devient un véritable « outil de manager » comme le titre Derek Perrotte dans le journal Les Echos. Pour s’inscrire dans la durée, l’action d’une entreprise a autant besoin de se traduire par des résultats que par un discours, un récit cohérent et fédérateur.

Cette mémoire s’écrit au présent, et dans la diversité des supports à disposition, livre, journal interne, relations presse, témoignages, rubriques web, conférences, anniversaires… il reste à trouver son lieu d’expression et de transmission. Cette histoire-là ne fait que commencer…

À paraître fin octobre au prochain épisode de cette réflexion, « L’entreprise et sa mémoire »,un livre aux Presses Universitaires de Paris Sorbonne.

 

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9 octobre 2009 5 09 /10 /octobre /2009 09:32

Le contenu de marque est un concept bien connu. Depuis longtemps, Blédina et Pampers génèrent du contenu autour de bébé. Aujourd’hui, Leroy Merlin fait figure de modèle en ayant successivement créé, en l’espace d’une décennie, “Du côté de chez vous”, un mensuel et une chaîne thématique. Toutefois, le phénomène s’accélère. Des exemples tels que l'affaire Twingo, le lancement du guide E=moins de CO2 par EDF, ou encore la découverte de Londres par les YPES (Your Personal Experts- vos experts personnels) d'Eurostar sont significatifs d’une nouvelle tendance.


Le contenu de marque détrône la publicité


Dans une société de consommation gavée par la publicité, les marques ne peuvent plus se permettre de simplement créer des messages, des promesses, des rêves soumis de façon massive aux consommateurs. A la longue, la crédibilité et l’efficacité de ce procédé s’érodent.

Désormais, les entreprises sont plus ou moins contraintes d’explorer de nouveaux territoires. S’impose alors un glissement du format publicitaire vers du contenu à forte valeur ajoutée, du contenu original : un livre, un film, un documentaire, un guide pratique, un jeu interactif, etc. Et là, le consommateur ne s’y trompe pas. Il devient de plus en plus sensible au contenu qui apporte un réel service, qu’il soit pratique, informationnel, ou encore ludique.

Ainsi, les marques finissent par ne plus s’adresser à des consommateurs mais à un public qu’elles créent patiemment et avec lequel elles établissent une relation privilégiée. Elles sollicitent leur intelligence, leur participation. C’est le cas de l’opération « Fight For Kisses » de Wilkinson, du jeu Coca Zéro Game, du module interactif grand public d’Eco-Emballages, ou encore du film interactif “créez votre Histoire d’Or” par Histoire d’Or.

Le contenu génère avant tout un concept et resitue le public au niveau de l’expérience en déployant un univers complet. D'où l'importance d'un concept fort. Alors, Louis Vuitton ne parle plus de ses malles mais de sa philosophie du voyage et la voiture BMW se retrouve dans un récit global qui la dépasse.


Du relationnel avant tout


En cherchant un point de contact « psychologique », ces nouveaux contenus touchent l’individu sans forcément éveiller le consommateur qui est en lui. Bien au contraire, il semble plus important de s’adresser d’abord au citoyen, au parent, à l’esthète, au militant… que de solliciter l’acheteur. Valoriser l’individu en tant que tel est donc le fondement de cette mise en relation qui se veut authentique, au même titre qu’une relation amicale, désintéressée. Chaque message est alors porteur de reconnaissance, de fidélité, d’affinité culturelle en créant une identification autour de valeurs communes.

Les DVD de Pampers sur le monde vu par les yeux de bébé suscitent, par exemple, un niveau d’émotion et d’implication beaucoup plus fort dans la relation à la mère.

 

Si le « brand » peut s’avérer dévoreur d’énergie et d’investissement, il a permis à ceux qui ont tenté l’aventure d’émerger. A force de production à la TV (le format court “Du Côté de Chez Vous”), couplé au site « Du Côté de Chez Vous », et aujourd’hui, avec un nouveau site de contenus « Plus Belle Ma Maison » sur lequel on peut retrouver une multitude de conseils, modes d’emploi, vidéos, idées, etc., Leroy Merlin, le simple vendeur d’outillage des débuts a fini par s’imposer comme un modèle « d’art de vivre à la maison ». De prestataire, il est devenu partenaire, si ce n’est guide.

Côté investissement, des créateurs s’intéressent à ce nouveau marché et montent des structures spécifiques : Blue, par exemple, montée par Luc Besson et Christophe Lambert, ou encore des structures hybrides comme Eyeka, plateforme de rencontre entre les marques et les créateurs de contenu… 

 

Désormais, une nouvelle médiation, durable, pérenne, s’impose par l’intégration d’un univers global, une histoire dans la grande Histoire qui permet à l’entreprise de rejoindre son public dans son identité propre, d’être plus proche de lui. D’une captation du client, ce mode de communication est passé à une connivence.

Reste maintenant à promouvoir ces productions en suscitant de l’intérêt. Dans un secteur à forte concurrence, les agences, les médias, les annonceurs s’organisent pour faire valoir la qualité de leurs nouvelles créations, et en définitive, faire encore de la publicité.


Sources :

e-marketing.fr

badaboomblog.wordpress.com

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